Passeport phytosanitaire

La pépinière que j’ai créée rentre pour la troisième année consécutive dans le dispositif du passeport phytosanitaire. Ce billet, assez factuel, a pour objectif de partager ma maigre expérience terrain et les implications au quotidien.

L’inspection vise au contrôle du respect des exigences réglementaires applicables à la mise en circulation de végétaux

⚠️ Étant toute assez fraîche dans le métier de pépiniériste, merci de vérifier les informations (voire, me faire remonter les erreurs ou corrections à faire!) et selon votre zone, vous pouvez être soumis à plus de contrôles. Il y a aussi des subtilités comme dans l’expédition à distance, ce n’est pas un billet exhaustif, allez lire les documentations et renseignez vous auprès des professionnels de contrôle.

Ce dispositif me donne le droit d’appliquer un passeport phytosanitaire sur les végétaux que je mets en circulation aux professionnels et à distance.

Il y a une réglementation à suivre, beaucoup de choses à savoir, à faire, c’est exigeant et surmontable. En soi, je vends très peu aux pros et ai envoyé une fois un colis. J’ai une production très petite en nombre d’arbres vendus. Je trouve tout de même que c’est challengeant et instructif d’essayer de mettre en place des améliorations chaque année et de devenir un peu plus pertinente dans le domaine.

Démarches

Déclaration

Chaque année, une déclaration doit être faite ou vérifiée si elle est inchangée de l’année précédente. C’est un long formulaire avec des cases à cocher sur les plantes que l’on veut soumettre au PP (Passeport phytosanitaire). J’ai fait le choix de cacher mes données administratives sur le site de l’INSEE donc ça se passe par mail pour moi.

Traçabilité

Il y a des documents à ranger, classer et ressortir:

  • Factures d’achats de végétaux et PP (soit sur les étiquettes, soit sur les BL-factures)
  • Plans de localisation des variétés
    • variétés greffées par planche
    • pour moi j’ai un premier inventaire de greffe en mai et un définitif de stock en août-septembre
  • Liste de provenance de greffons avec un code
    • ex: 1 = la petite Veyssière
    • Sur tous les fruitiers vendus cette année, plus de 75% ont un greffon qui provient de ma collection. Je tends à être le plus autonome possible et à part quelques exceptions (greffe à façon, demande de sauvegarde, collectionnite), je pense pouvoir atteindre 90% rapidement.
  • Factures de vente aux professionnels avec un document qui référence les commandes et les contacts
  • Je mets le PP sur les arbres avec un tronc suffisamment épais pour le tenir et sur la facture qui suit les végétaux sinon
  • Mon code de traçabilité (C) est composé de l’année de greffage et du code provenance. Avec les informations de la variété et du porte-greffe, je sais remonter sur n’importe quelle série. J’ai aussi un code de lot pour les arbres que je sème.

Exemple d'étiquette sur un fruitier greffé

Je ne suis peut être pas exhaustive, mais je pense que c’est l’essentiel.

Connaissances

C’est sur ce point que je ne me sens “jamais assez”. Chaque année, j’essaye de mettre une amélioration en place. Cette année je me suis achetée un livre sur les “maladies-ravageurs” générales des arbres.

Depuis le début je suis abonnée aux BSV (Bulletins de santé du végétal). J’ai des fiches qui répertorient les organismes réglementés. Il m’est arrivé de suivre une formation, je checke le guide des observateurs en arboriculture etc.

Surveillance et suivi

J’ai un journal d’observations qui me permet de lister les événements et observations.

Chaque temps fort de la pépinière est l’occasion d’observer et consigner: réception des racines nues, greffes, démarrage des greffes, ébourgeonnage, repiquage, irrigation etc. Je fais un tour de toutes les planches et de la greffonnière une fois par mois.

Il est important d’observer et de noter qu’aucun symptôme d’organisme réglementé n’a été observé. C’est quand même pour ça que ça existe: vérifier qu’on ne diffuse pas de maladie (ou autre) grave dans les vergers qui impacteront la production. Si j’ai un doute sur l’organise observé, je préviens. Ça ne m’est jamais arrivé jusque là.

J’interviens très peu. Je suis par ailleurs en conversion bio, je tente juste d’accompagner mon sol pour qu’il y ait plus de vie. Quand le symptôme me dérange particulièrement, je coupe, désinfecte mes outils, brûle. Il m’est déjà arrivé de faire un prélèvement et d’envoyer à un labo.

Suite au prochain épisode

D’un point de vue psychologique, c’est quelque chose de très compliqué pour moi. Il m’est déjà arrivé de faire des quasis nuits blanches précédant l’audit, d’angoisse et de stress… Cette année, j’ai dormi et je suis fière de moi! J’ai toujours l’impression de devoir faire mieux, plus, que je ne fais pas assez (Spoiler alert: blessures personnelles).

J’ai par ailleurs toujours été accompagnée avec beaucoup de soin par la personne qui me suit, merci à elle. Les copaines et les réseaux sont aussi très soutenant.

Je suis, de manière évidente, convaincue qu’un sol vivant et fertile réduit beaucoup les symptômes observés et qu’un lieu plein de vie (et d’auxiliaires) équilibre les soucis qu’on peut rencontrer.